dimanche 5 septembre 2010

Le manifeste perplexe de Lux et Zure

L'Âme nourricière du monde se terre dans l'anonymat. La chatoyante brume épiscopale, qui lui servait jadis de parure, ne maîtrisait déjà plus la lumière et pour ce, se voyait oubliée par la masse. L'on envisageait souvent une refonte des damnations, questions de les remettre au goût du jour et ainsi de gonfler les rangs de convertis frémissant de peur, mais (hélas!) la terreur qu'elle invoquait jadis ne servait maintenant qu'aux producteurs de films de série B.

Lux et Zure pédalaient confortablement lorsque survint une crise mystique au pied de la lettre. Quelques heures plus tard, assimilant ce qui leur restait de vélos et de pièces d'identité, laissant derrière eux les décombres d'une vie misérable que la lumière divine avait fait éclater au grand jour, ils s'offrirent un moment de réflexion: qu'entendaient-ils par « Crise Mystique »? Était-ce trop demander?

La solide charpente de Zure laissait deviner des formes dont raffolerait un prêtre de campagne, suant au soleil de minuit. Lux, de son côté, n'y voyait que du feu. Les flammes, rapidement hydratées, ne furent plus qu'un battement de cil sur les œillères de l'infini.

Un autre bémol, plus abstrait (vu sa légèreté et surtout l'abîme dans lequel ils se glissaient), fondait sur eux à une vitesse plus que standard. Perplexes, mais rassasiés, ils s'enquirent de leur nature à nouveau lorsque le doute les assaillis: Étaient-ils vraiment? Leur existence dépendait-il de leur relation, de la chaussée brute qui avait freiné leur chute, de la terre chaude auprès de laquelle ils s'étaient extasiés ou simplement des lettres qui s'entassaient librement sur la feuille blanche?

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