mercredi 8 septembre 2010

Beurre et Baume

Le fumet rance du beurre des derniers jours exhalait, telle une Wagnérie Chaldéenne, d'une antique radio noir-et-blanc (elle-même produit d'une époque reculée et plus qu'incertaine). L'oubli, précédant le déclin, croissait, emportant avec lui les derniers lambeaux mnémoniques créés expressément pour le contourner. Subtilement, le volume réglé pour n'être qu'à peine un bruissement ambiant, le bourdonnement sourd de l'appareil audio se masquait derrière ce qui se dissimulait entre les fibres synthétiques du tapis couleur chair et les fibres presqu'organiques du papier peint centenaire. L'horloge s'en tenait à ne pas nuire à la scène idyllique qui sentait la poussière.

L'usage du temps, auréolé par la substance équivoque d'un millénarisme croissant, s'en remettait toujours à plus tard, question de sauver les apparences. Le beurre, aux aguets, fondait sur place en dépit des précautions multiples du manufacturier d'origine. Le sort en était jeté, tel le frigo qui, lui, ne fonctionnait manifestement plus très bien.

Suave à outrance, Jean-Paul s'enlisait. Le sofa, qui lui servait de dernier refuge, se liquéfiait peu à peu et, sa densité corporelle devenant plus importante que celle du colloïde sofesque, aspirait son corps encore beau au milieu de son eau calme mais trouble.

Au bout d'une semaine, les experts observèrent le liquide résultant et convinrent que la substance colloïdale et homogène était fin prête à l'extraction de l'hormone de croissance.

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