vendredi 7 mai 2021

Métaphysique de la possession simple

 Bactracien et Fulgur revenaient de loin, allant tout droit vers un futur qui ne les concernait qu'à peine. En fait, il s'agissait bien de leur futur propre, mais ils n'en tenaient pas compte car ils avaient bien d'autres chats à fouetter et un futur non-envisageable au moment présent n'est qu'une perte de temps pour l'esprit occupé (et tout le monde sait qu'une perte de temps est une façon inébranlable de se projeter dans le futur, quel qu'il soit).

Cela étant dit, Pamplemousse les suivait, non loin de là, l'air songeur. La terre, elle, était plutôt indifférente et l'eau se détaillait en gouttelettes que le feu du ciel colorait des sept primaires. La journée s'affichait belle.

Bactracien opina du chef et majora son capital de plusieurs pourcents. Il était libre de fortune et ivre de sommeil, mais les affaires sont les affaires et il se devait d'être juste envers sa pécuniarité. Fulgur le regardait tristement, sachant bien que la totalité de ses avoirs était niché au fond de sa poche, emmêlée de ses clefs et d'un mouchoir passablement usé. Un long cri de détresse amical les séparait silencieusement de Pamplemousse, toujours visible derrière eux, endormi au volant de sa rutilante voiture sport, faisant les 400 km/h en position verticale.

Les décombres suivant l'accident révélèrent que Pamplemousse ne savait pas conduire. Heureusement pour Bactracien, car il était seul légataire de la fortune Pamplemoussienne et comme de fait, son capital majora silencieusement vers les plusieurs chiffres après le zéro.

Fulgur, déconfit, se lança dans une aventure de recyclage de bien et services usagés et se fit construire une île dans un quartier de lucre de Monaco l'été suivant.

Perplex.