L'appropriation et son ombre

L'heure était grave. Heureusement, la minute était aiguë et la seconde stridente. Ce qui relativise le malheur, quelle qu'en soit la provenance. D'accord; disons que cet énoncé est plus que discutable, mais le temps presse, ainsi que le poids de la vérité. 

Maxence DuPotet, allergologue amateur, collectionnait les fourbis de tout acabit. Lorsqu'il croisait un fourbis qu'il ne connaissait pas, il devait se l'approprier, coûte que coûte. Il ne reculait devant aucun échec, car le fourbis résultant était immaculé à ses yeux. 

Son mariage sombra sans l'ombre d'un doute, et le fascicule paroissial annonçant la date du grand jour était le seul souvenir qu'il en gardait (mis à part sa faillite personnelle, qui le privât de logis pendant un certain temps et d'un compte bancaire qui collectionnait plusieurs zéro devant et suivant le point décimal). À fourbis égal, on ne fait pas mieux. 

Devant le mystère sans cesse grandissant de l'entropie existentiel quotidien, il se faisait philosophe, voyant sa verve cutanée s'évanouir sous un psoriasis que cachait mal son faux-col. "La mode n'aide que les manants" se dit-il, déconfit devant le fait accompli.

Se heurtant au jour le jour (effectivement, la nuit n'offrait pas beaucoup de résistance, tout compte fait), il fredonnait tant bien que mal un air dépareillé lorsqu'un fourbis fraîchement existentialisé se dressât comme un seul homme devant son regard empreint d'émerveillement et de troubles de sommeil à peine voilé. N'écoutant que son courage (il reconnaissait aisément sa voix après tant d'années), il  exécuta un salto arrière déliquescent (question de surprendre le fourbis) et fût surprit de voir la proximité du camion-citerne qui n'était que de passage (et qui croisait son chemin, sans aucune arrière pensée). 

Le fourbis attrapé en toute hâte fût celui qui couronna sa gloire. 

L'Existence cédait à l'Avoir, une fois de plus.

L'irréprochable bonté de la glucose-asphyxine

 Heureusement, il y avait hier. 

Sans lendemain, la nuit ne s'oppose plus, exerçant son pouvoir lubrique sans délai et surtout, sans soucis. L'incandescence de la noirceur subite en surprit plus d'un: un amoncellement de décombres jonchait les autoroutes autour du globe et les aéroports ne comptaient plus les heures supplémentaires.

L'espoir des masses ne se qualifiait qu'en tant que profil psychologique mineur, sujet à changement sans préavis et sentait bon la fraise. Les éléments-clefs, bohèmes comme au plus beau jour, se jouxtaient aisément, débarrassés de leurs contraintes temporelles, et se faisaient beaux, s'entre-guirlandant lascivement, maintenant qu'une aube impossible ne viendrait jamais exposer aux yeux d'autrui leur nouvel amalgame physico-émotif.

Le ciel, criblé de petits points lumineux, laissait supposer qu'en d'autres lieux, la semaine continuait sa course folle vers Samedi Prochain. 

Melt.

Les Endocrinaventures de Confusion et Balivernes font du Mentalisme

Voyant la profondeur de l'Abîme devant eux, Confusion devint perplexe en cogitant sur leur passe-temps fraîchement acquis. 

Le temps était frais (après une canicule de trois ans) et les douches froides n'étaient plus nécessaire à leur survie intellectuelle et émotive (leur survie physique dépendaient en grande partie de l'épicerie ainsi que des austérités imposées). 

Tout à priori faisant table rase, Balivernes mit son psychisme à la disposition de Confusion, qui s’exécuta de plein pied. 

Confusion: "Prenez ce papier. À l'endos vous trouverez une réponse. N'est-il pas exacte que l'équation équivalente à cette dite réponse serait (√8)²?" 

Balivernes: "Je dois vous contredire, cher ami. L'Infini, quelque soit sa direction, ne peut s'exprimer par aucun chiffre connu à ce jour." 

Ceci mit immédiatement fin à l'expérience; quelques années plus tard, les restes de Balivernes furent retrouvés sur une plage de l'Île de Malte, infiniment plus abîmé que lorsqu'il habitait la Hongrie-Sud.

Métaphysique de la possession simple

 Bactracien et Fulgur revenaient de loin, allant tout droit vers un futur qui ne les concernait qu'à peine. En fait, il s'agissait bien de leur futur propre, mais ils n'en tenaient pas compte car ils avaient bien d'autres chats à fouetter et un futur non-envisageable au moment présent n'est qu'une perte de temps pour l'esprit occupé (et tout le monde sait qu'une perte de temps est une façon inébranlable de se projeter dans le futur, quel qu'il soit).

Cela étant dit, Pamplemousse les suivait, non loin de là, l'air songeur. La terre, elle, était plutôt indifférente et l'eau se détaillait en gouttelettes que le feu du ciel colorait des sept primaires. La journée s'affichait belle.

Bactracien opina du chef et majora son capital de plusieurs pourcents. Il était libre de fortune et ivre de sommeil, mais les affaires sont les affaires et il se devait d'être juste envers sa pécuniarité. Fulgur le regardait tristement, sachant bien que la totalité de ses avoirs était niché au fond de sa poche, emmêlée de ses clefs et d'un mouchoir passablement usé. Un long cri de détresse amical les séparait silencieusement de Pamplemousse, toujours visible derrière eux, endormi au volant de sa rutilante voiture sport, faisant les 400 km/h en position verticale.

Les décombres suivant l'accident révélèrent que Pamplemousse ne savait pas conduire. Heureusement pour Bactracien, car il était seul légataire de la fortune Pamplemoussienne et comme de fait, son capital majora silencieusement vers les plusieurs chiffres après le zéro.

Fulgur, déconfit, se lança dans une aventure de recyclage de bien et services usagés et se fit construire une île dans un quartier de lucre de Monaco l'été suivant.

Perplex.

Le fil des mots (L'Émile des Faulx)

1. Hardi! Soyons humbles, soyons sans reproches. 

2. L'aventure est perpétuelle et ne tolère guère la timidité, ni l’essoufflement parasitaire. 

3. Si le Rossignol s'épuise en chantant, c'est qu'il n'est soit pas Rossignol ou bien son chant ne lui appartenant point, il s'exécute avec l'arme d'un autre. 

4. Tous les mystères se révèlent d'eux même à celui qui cherche sans hâte. 

5. Les dogmes et les rituels de tous les temps se confondent et ne font qu'un lorsque le Silence se manifeste.

6. (Vos questionnements ici)

L'Essaim se voilait de dents, tel:

 Filandre! D'ors et déjà, la nuit s'éclairait d'elle-même, chancelante sous la voûte clair-obsucre d'autrui (l'obsucre est obtenu par distillation indirecte de la flore intestine de la lumière, qui est elle-même dotée d'une capacité êtrique saturée de glucose céleste). Le vrombissement déchaîné du silence laissait sans-voie les étoiles dont les mamelles lactifères débordaient abondamment, emplissant cette même nuit que pointait du doigt une aube acidulée.

Gisant à brûle-pourpoint, criait à qui de droit que la gauche n'était que l'accomplissement de la ligne dure, un aveux, auquel personne ne croyait, tant son dire était limpide et irréprochable. Telle était la nature de la véritable politique qui détournait le bon sens au profit du bon sang. L'onirisme s'étiolait au jour le jour, le manque de sommeil grandissant le privant d'un sol fertile et gras. 

L'Oriole du pauvre était un pâle substitut aux Paons du riche. Le pendu, si riche soit-il, laissait son bien aux autres (la plupart du temps, si les papiers n'étaient pas en règle, le veau d'or se faisait approprier par le gouvernement). Le Vaucluse, de son côté, n'aspirait qu'à être.

Fin de ligne.