mercredi 29 juin 2011

Les nouvelles aventures des Aventures sans Lise

Lise manquait à la pelle. Depuis son incarcération subite dans les mines de rien, elle s’était montrée dévouée à l’attache et ne vacillait plus lorsqu’un claquement d’encouragement du Flagellant d’Office s’insérait entre ses côtes meurtries d’autres espoirs. 35 ans ont vite fait de modifier le comportement indésirable et de le muter en quelque chose d’utile. Seulement, ce matin-là, après une fouille en bonne et due forme des lieux, les autorités devaient se rendre à l’évidence que cette femme s’était moquée éperdument d’eux pendant de longues années. Et maintenant, hors de tout doute, elle n’était plus où elle devait être, c’est-à-dire broyant lentement la parois verticale du tunnel No 5 à l’aide d’une pelle ancienne dont ne subsistait que le manche en érable patiné.

Bien entendu, il y eu enquête. Les murs s’obstinaient à demeurer silencieux (même lors d’interrogations musclées) et ne coopéraient pas le moins du monde. La couchette qui longeait la parois gauche de la galerie n’avait pas été utilisé depuis le dernier lavage qui datait déjà de plusieurs années à en juger la quantité de débris jonchés sur les draps propres.

Quinze ans plus tard, les résultats d’analyse des débris révélèrent que Lise s’y était cachée et au bout d’un temps indéterminé, y avait péri. S’il n’eut été la visite tri-annuelle de son Supérieur pour son analyse de rendement, le subterfuge n’aurait jamais été découvert. Maintenant il s’agissait de déterminer avec exactitude son dernier jour travaillé afin de réclamer à ses survivants le trop-payé encouru.

dimanche 26 juin 2011

L'insouciance comme sport de groupe

Immense et suave, un E-Coli géant le regardait d'un air hautain et propre. Après tout, ils étaient dans un laboratoire réputé et la propreté était de mise (voir de rigueur). De longues minutes passèrent sans que l'un ou l'autre ne bouge. Ce n'est jamais bon signe d'observer l'inexistence du mouvement chez le chercheur et l'objet étudié; en effet, plus d'une manifestation de cette sorte se soldait par une fermeture prématurée des lieux, suivi de quarantaine obligatoire (sans parler d'inévitables pertes çà et là, aussi bien parmi le personnel administratif que parmi les voisins insouciants). Il serait aisé pour un non-initié de conclure au pire en voyant un homme en sarrau penché sur un microscope dont tout le poids corporel semblait en équilibre précaire sur l’œil droit; dans le monde de la recherche cela faisait parti de la norme et dénotait une certaine fureur ou désir d'accomplir. Hélas, ce n'était pas le cas. Le lundi suivant, toutes les montres s'étaient arrêtés et la population chuta soudainement pour laisser le globe aux bons soins des coléoptères.

samedi 18 juin 2011

Pierre Dombasle et Tom Bouverte
se rendent compte de la stupidité
de leurs noms
(Et s'en offusquent)

Cela va de soi. Par contre, là n'est point le propos dont nous désirons nous entretenir ce matin.

"...La relation d'aide est souvent fallacieuse. L'aidé se doit d'avoir une confiance sans limite avec l'aidant: toute l'équation tient à ce menu détail. L'aidant, n'étant point de l'ordre d'une divinité infaillible, n'a pour matériau que ce que l'aidé veut bien partager. Par conséquent, l'aide dispensée se trouve diffractée non-seulement par les conventions sociales que le patient se doit de rencontrer, mais aussi par les préjugés (sociaux, moraux, religieux, etc) de l'aidant pour qui ses propres préjugés sont bien entendu invisibles (voir inexistants). Soit.

Tout n'est pas joué. L'aidé se trouve aussi berné par ses propres préjugés qui diffractent ses propos. Il les décline et les censure au gré du moment, car la nature humaine est ainsi faite. Il est malaisé d'avouer ses torts. De plus, la confiance totale et ingénue est, la plupart du temps, refusée à celui qui cherche l'aide parce que cette innocence a été trahi tout au long de son existence. Voilà donc un obstacle de plus au dévoilement intime qui permettra d'illustrer la nature réelle du problème que l'aidé cherche à éliminer.

Ce labyrinthe devient un antre dans lequel pourrait se perdre le plus téméraire des explorateurs. Le Fil d'Ariane de la connaissance de soi sera la seule boussole sur laquelle l'aidé potentiel pourra se fier.

L'Homme n'a de rang obligatoire auquel il doit se tenir. Il invente son aventure au gré des moments, avec tous les bagages qu'il emporte avec lui. Sa transformation dépend uniquement de la clarté avec laquelle il se voit. C'est cette même clarté qui lui permettra de déjouer le dédale pervers des attentes sociales éphémères et de devenir la seule chose qui compte à ses propres yeux: l'Être qu'il se doit de devenir."
Extrait du Petit Précis de l'Imprécision Dogmatique de la Psychologie,
Édition du Centenaire de la Biennale du Manifeste, Munich 2010 (p.3)

jeudi 16 juin 2011

Sœur Tendril et Bocéphore font de la dorure

MMMMMMMMMMMMMMMmmmmmmmmmmmmmmmoui, c’est cela. Et pour cause.

Lorgnant l’horizon du revers de la lunette d’approche, Sœur Tendril vit la côte s’éloigner plus qu'humainement possible. Humant l’air incertain de la brise marine, elle eut l’impression que tout allait basculer. Le navire chavira à cet instant même.

Bocéphore n’était plus en contrôle et son Plan d’Apprentissage était défaillant. De plus, les cours requis par son inaptitude grandissante avaient été refusés sous prétexte qu’ils étaient trop onéreux. La vague qui renversa le navire avait été prévue depuis quelque temps et permettrait ainsi à la compagnie de Transport Maritime de réclamer les primes d’assurances et rembourser les clients dont l’ire était manifeste. Du même coup, les employés, dont le rendement était nettement inférieur aux normes en vigueur, se verraient remplacés par des novices dont les services seraient bien moins coûteux.