dimanche 25 juillet 2010

L'odeur inhumaine du hasard I
( roman empirique et sans avenir )

Chapitre 0 Début de l'arabesque

CETTE ANNÉE-LÀ, l'hypertrophie des légumes se faisait attendre; depuis plus d'un mois, les voisins se vautraient dans diverses sauces préparées à l'improviste, vu le manque de coopération des potagers environnants. «Cela ne saurait durer» se disaient-ils, tout en essayant d'avoir l'air satisfaits de leur vautrage de rechange; en fait, ils espéraient tous que la tant attendue Hypertrophie fleurisse enfin pour mettre un terme à cet interminable engouement pour les simili-sauces et pour l'art-de-faire-à-semblant.
Peutête Quenon était aumônier depuis plus d'un siècle au même endroit (CE QUI NE FAIT QUE CONFIRMER QUE L'EMPLOI LE PLUS PROMETTEUR N'EST PAS SIGNE D'AVANCEMENT); il pourléchait les pôvres, psalmodiait aux heures et croquait communionément le Sauveur afin que la planète soit plus d'une place pour vivre. Sa canonisation avait été refusé plus d'une fois par le Pape. Ce dernier prétextait que l'aumônier Quenon ne faisait que passer et que sa longévité n'était signe que d'entêtement. «Les vrais saints ne tardent pas à mourir. Celui qui s'attarde à louanger le Ppère dans cette vie le fait au détriment des heures qu'il pourrait passer au Paradis» et sur ce, le représentant de Saint-Pierre fermait son épître adressé aux aumôniers Quenon participants.
Les habitants de Neufchâtel-sur-Longe étaient des amateurs de grosses légumes. Peutête Quenon n'était pas plus canonisable que la raclette suisse, mais ça ne semblait embêter personne. «Un aumônier, ça donne ou ça reçoit l'aumône?» demandaient les enfants, stupéfaits de leur propre impertinence. Le Professeur de deuxième avancé, qui était de loin leur supérieur, leur répondait en montrant des dents gâté par l'habitude: «Le Bon Dieu donne et le Bon Dieu reprend et nous ne sommes pas bien placés pour tout remettre en question». Il était fier de renouer ses élèves avec les joies du Communisme.

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