Jeannine L’Artaud s’ébranlait
d’elle-même; en effet, catastrophiquement, l’air pur oscillait d’emblée,
contrecoup sur contrecoup.
La véhémence de sa stature,
jumelée avec son amour de la précarité, l’empêchaient de dormir; mais,
oh! quel rêve s’étendait en lambeaux de perles devant elle, telle
une soie dentaire fait d’un nacre évanescent.
À tire d’elle, son expression
demeurait française mais angoissée. Une panoplie se frayait un chemin
tant pis que malle au travers des dunes indépendantes qui lui barraient
l’accès aux plus hautes cimes de l’histoire.
Rompant avec son anesthésiste,
elle parlait espagnole couramment lorsqu’un algonquin de Quinine lui
enjamba le pas et l’emporta froide et muette malgré elle.
Son savoir-faire la
rafraîchissait mais obstruait l’obturateur à désir qui faisait son
bonheur depuis maintenant quarante hivers.
Sournoisement peut-être, il ne
l’engageait à rien et lui apportait des arguments chauds et gélatineux
pour lui tenir compagnie lorsqu’elle se tirait d’affaires sans marques
ni tonsure. Son auréole, criblée de micro spasmes,
la faisait rire chaotiquement et cela lui procurait un bien-être
semblable au chômage. Sans tenir compte du groupuscule qui l’attendait,
elle s’entrebâilla lascivement en faisait rugir son avertisseur, signe
de temps plus fastes; elle s’enorgueillit de sa
jeunesse-conserve, se fixa lentement à l’habitacle et se laissa choir
sans cérémonie.