samedi 14 août 2010

Les irruptions sous-cutanées de Frivol Hité

Sans suivre son exonération de trop près, Frivol mangeait son bol de soupe plein de céréales à l'avoine et se remettait à peine de la marche interminable qui l'avait mené de sa chambre à coucher à la porte du salon. Les mois passés en prison l'avait passablement affaibli et il se souvenait de sa cellule de 35cmX35cmX190cm comme d'un lieu clos où être debout était l'équivalent de vivre au jour le jour.

Vu que la télévision n'avait rien à lui offrir, il faisait de même avec les câblo-distributeurs. "La Nature Abhorre le Vide", se dit-il en latin, même s'il ne se souvenait pas de la locution exacte.

Vers dix-huit heures, TVA débutait les nouvelles du jour mais Frivol ne le savait pas puisque la télévision n'était plus branchée à la prise électrique et que l'électricité était devenu une denrée rare depuis qu'il ne payait plus ses factures. L'été lui permettait de mettre son argent ailleurs. L'hiver, c'était autre chose.

La voix de la voisine perçait les murs de ses cris et de ses humeurs. Une voix en cisaille, qui se cristallisait autour de ses tympans avant d'éclater et de lacérer ce qui lui restait de savoir-vivre.

Ce matin-là, il avait reçu une carte postale lui déclarant que "REMAX a déjà vendu plusieurs maisons telles que la vôtre dans votre quartier!" avec au dos, "Viens me voir avec ceci, Diane" écrit à l'encre indélébile. "Comment puis-je la voir avec ceci, puisque je la tiens déjà dans mes mains?", s'enquît-il, d'un air morose. Vraiment, c'était sans avenir.

Fin de l'interrogatoire.

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