jeudi 23 décembre 2010

Le mirliton de la Trentaine

Dieu qu’il y avait de la joie dans le cœur de la cavalerie! Ce soir, au coin du feu, loin des cadavres laissés au front, ils pourraient fêter la Noël en toute quiétude. Certes, il y avait peu à manger, mais ils étaient entre frères, il faisait bon se retrouver devant un bon feu et surtout, l’ennemi se trouvait aussi en congé (ce n’étaient pas des Païens, après tout).

Quel ne fut l’horreur de la petite troupe de s’apercevoir que les restes dodus du général étaient demeurés sur le champ de bataille. Qu’allaient-ils manger? La vengeance est un plat qui se déguste froid, mais de là à en faire un repas de fête, c’était autre chose!

Soudainement, un bruissement venant du sous-bois se fit entendre. Un mirliton esseulé arriva en vue de la troupe, brandissant un drapeau blanc et portant une barrique sous le bras. Il expliqua vivement qu’il avait dérobé du vin dans l’espoir de trouver une certaine forme d’inconscience lorsque minuit sonnerait. L’idée de se retrouver en guerre durant les réjouissances annuelles le déprimait amèrement. Il exhorta donc la troupe de lui faire une place de choix lors de leurs festivités, auxquelles il contribuerait son butin.

La troupe ne se fit pas prier deux fois.

Le repas terminé, les cavaliers repus s’endormirent enlacés, le vin froid coursant dans leur tête, illuminant ce Noël du souvenir du régal qu’a été ce mirliton miraculeux qu’ils purent partager à trente.

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