mardi 11 octobre 2016

Sandwich et Veilleuse
mettent fin à l’année fiscale
(fable inutile)


Sortant du lit suite à un réveil agité, Sandwich sommeillait placidement malgré l’odeur de mayonnaise vieillissante qui emplissait l’appartement d’effluves suspectes. Terminant un déjeuner hâtif dont l’origine ne lui causait plus d’inconfort moral, il se rendit au bureau où d’autres aventures indifférentes l’attendaient.

Au 13ème étage d'un immeuble astringent, Veilleuse occupait à elle seule la salle de réunion, s’éclairant de sa seule solitude. Elle réduisait à néant son incompréhension face aux dividendes non-sécularisées que la société empilait comme autant de feuilles mortes suite à une tempête tropicale. Le fardeau fiscal était lourd, mais son dos était large et ses épaules de nageuse faisait la joie des Dollards et des Ormeaux de ce monde.

L’obsolescence programmée rendait l’utilisation du système de paye difficile au point de créer amertume et dissension au sein d’une équipe autrement amorphe. Sandwich et Veilleuse n’en étaient aucunement épargnés; ils volaient à travers calculs et chiffriers, sans cesse coursant contre la montre, Veilleuse se souvenant trop tard de l'inutilité de cette activité du fait que la montre les suivait inexorablement attachée à son poignet de fiscaliste en fuite.

L’heure H se brandissait, telle une arme ancienne aux accents acérés, soutenue par la seule volonté incohérente (mais ô combien autoritaire) d’une date de tombée jugée ultime par les dirigeants des hautes sphères.

Sandwich stressait de voir le temps se comprimer alors que Veilleuse se doutait fort que la source des effluves grandissantes émanant  de son collègue de travail était courtoisie d’une hygiène corporelle discutable.

L’heure arriva : ils décidèrent de mettre fin à leurs souffrance et d’un élan commun, sauvegardèrent leurs travaux d’un clic de souris qui sonnerait le glas ainsi que la clôture de l’année fiscale.

Personne ne profita de leurs efforts. Au moment même où les serveurs de la société recevait le fruit de leur labeur, l’univers entier, jusqu’au dernier quark, cessa d’exister.

Tout vient à celui qui sait attendre.